Enfin ! Le jour tant attendu est arrivé ! Cent ans ! Un chiffre rond qui nous transporte au 20 janvier 1916, en plein milieu de la guerre 14-18 où nait à Saint Julien-de-Valgalgues, une petite victoria PEREZ, fille de Carmen et Joseph, la troisième d’une fratrie de 8 enfants.
Depuis 1916, beaucoup d’eau a coulé sous le pont du ruisseau rouge et la mairie qui était installée à Saint Julien a déménagé. Mais cent ans plus tard, c’est toujours à Saint Julien-Les-Rosiers que cela se passe selon ta volonté et ton désir de faire la fête, au milieu de ta famille et de tes amis.
Est-ce l’air de ton village, très tôt tu te montreras volontaire, dynamique, portant haut les vraies valeurs, celle de la Liberté, entre autre car tu as participé, à ta manière, à la lutte contre l’occupation allemande en rendant quelques services à la résistance.
A l’époque, toute une génération s’arrêtait, dans le meilleur des cas, en fin de cycle élémentaire. Les meilleurs et les plus poussés par leurs parents allaient jusqu’au certificat d’études. Mais quelle fierté de dire que l’on savait lire et écrire. Ecrire sans faire de fautes d’orthographe, en sachant parfaitement l’accord du verbe être et celui du verbe avoir !...
Comme elle est très dégourdie et la langue bien pendue, voici donc notre Vito qui décroche un premier travail à la clinique SOULIER que tous les alésiens connaissaient bien et qui n’existe plus aujourd’hui. Chez les SOULIER, on est chirurgien de père en fils, et Vito travaillera dans cette clinique quelques années.
En même temps, elle fait aussi quelques ménages pour Mme ALLEGRE, et lorsque le besoin s’en fait sentir, elle garde en même temps la petite Jacqueline.
En 1943, au milieu de la guerre de 39-45, notre Vito se marie avec Marcel EVESQUE, une belle histoire d’amour, brutalement interrompue par la mort prématurée de Marcel.
Dès lors, comme une femme moderne et courageuse, elle ne résiste pas à l’appel insistant de la capitale (une petite provinciale julirosienne qui monte à Paris, cela fait un joli conte de fée !) et part pour Paris où elle y fera toute sa carrière professionnelle.
C’est l’époque où le travail ne manque pas, difficile d’imaginer aujourd’hui que le plein emploi ait pu exister un jour en France lorsqu’on voit tous ces milliers de gens sans travail (Je vous parle d’un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître…) C’est l’époque de la libération et les besoins sont immenses ; les français veulent tourner le dos à des années de malheur et de restrictions. Ils veulent vivre.
Tu participeras à cette euphorie de l’après-guerre où, du coup, tout était possible, on pouvait rebâtir le monde et le rendre meilleur.
Tu es à Paris comme une belle sirène dans l’eau. Tu t’y sens bien et ça se voit. Tu travailles tour à tour dans l’électronique (déjà !) en y réalisant des pièces d’assemblage.
Mais l’emploi le plus gratifiant et le plus riche sur le plan humain sera ton admission dans le service du Professeur MATHÉ et son laboratoire d’expérimentations médicales sur les souris (et oui, déjà, cela existait !)
Et lorsqu’on vit à Paris, bien sur on y rencontre l’amour ! Tu seras bercée par les chansons d’Edith. Le tien ne s’appellera pas Marcel mais Alfred, Alfred GRUNSTEIN, d’origine allemande, que tu rencontreras en 1961 en flânant sur les bords de Seine et qui, sentant le vent venir du nazisme, s’était engagé dans la légion étrangère française en Afrique. Mais au moment où tu le rencontres, il travaille à la défense nationale dans une entreprise qui fabrique des périscopes. Mais, top secret, nous n’en dirons pas plus !
Vito eut tout de suite le coup de foudre pour cet homme qui en imposait et qui avait une belle prestance, elle aurait pu prendre à son compte la chanson d’Edith « mon légionnaire » - oui, il était beau, il sentait bon le sable chaud…
Mais le plus remarquable chez lui, c’était sa bonhomie et son sens de l’humour.
Ils se marièrent le 24 juin 1972 dans le Xème arrondissement de Paris au moment où les jours sont les plus longs de l’année. Il faisait beau ce jour-là et bien entendu, notre parisienne jusqu’au bout des ongles et des paupières était magnifique dans sa robe. Elle arborait ce rouge à lèvre légendaire « Made in Paris » que notre Vito n’a jamais quitté depuis.
Oui, ce furent de belles années aux côtés de son Apollon.
Mais Vito n’a jamais oublié son Saint Julien-Les-Rosiers. On a beau être parisienne, on est fidèle à ses origines et à ses racines.
En 1967, elle se rapprochera encore plus de Saint Julien-Les-Rosiers puisqu’elle rachète une partie de la maison CHAPELLE à Saint Julien. La voici donc devenue propriétaire et le premier à l’occuper vraiment sera son Alfred car ce dernier aura le privilège d’avoir sa retraite avant son épouse et viendra s’y installer dès les années 1975. C’est à ce moment-là que nous ferons la connaissance du gentil Alfred.
Vito, elle, revient définitivement sur la commune, dans son petit nid douillet en 1980. Avec Alfred, ils vont vivre ensemble dans cette maison plus de 15 ans, jusqu’à son décès en 1995.
Dés lors, notre Vito continuera à rester en contact avec ses neveux et nièces que je remercie vivement pour la qualité de leur présence. Elle participera assidument aux activités du club de l’amitié avec toujours une belle joie de vivre, une gouaille, une plaisanterie pour chacun et un indéfectible désir de bien vivre.
Elle sera de tous les repas des aînés, même le dernier où elle tenait à être présente. Elle sera de tous les moments où Saint Julien-Les-Rosier est rassemblé, réuni autour d’un verre et de quelques bulles qui pétillent !
Tu as noué de belles amitiés avec les membres du club, et parmi elles, Dédée DEYDE et Paulette FAURE, trop tôt disparues et que tu as beaucoup pleurées.
Certes, les vicissitudes de la vie ne l’ont pas épargné mais on peut dire qu’elle a évolué dans un environnement favorable, jusqu’au dernier moment maintenue chez elle grâce à un contexte humain de services et médical, particulièrement disponible, attentif et professionnel.
Grand merci donc,
au docteur TESSADRI,
à ses infirmières préférées : Christine, Agnès, Corinne
à présence 30 (M. VERNET)
à toute sa famille, et en particulier Didier, Albert, Marcel et leur conjointes, qui ne l’on jamais oublié.
un clin d’œil à ta sœur Louise
Maintenant que les années pèsent un peu plus sur tes épaules entraînant ta prise en charge par la maison de retraite de Bagard.
Je pense que cette décision a été raisonnable et qu’elle te permet de vivre en étant un peu plus en sécurité et de sécuriser aussi tes proches qui te sentent moins vulnérable.
Tu as 100 ans et tu donnes toujours l’image de quelqu’un soucieux de son apparence, qui ne se laisse pas aller et qui nous apporte une formidable énergie. C’est une belle leçon que tu nous donnes. Alors comme Riquita Jolie Fleur de Java, notre Vito, Jolie Fleur de Saint Julien-Les-Rosiers, on voudrait la garder pour toujours !
BON ANNIVERSAIRE VITO !!!
Saint Julien Les Rosiers le 21 janvier 2016
Le Maire,
Serge BORD