Retour sur le Centenaire de l'armistice du 11 novembre 1918

Retour sur le Centenaire de l'armistice du 11 novembre 1918

Retrouvez ci-dessous le discours de Mr le Maire lors de ce grand moment

"Nous voici donc tous réunis autour du Monument aux Morts, nous, les vivants reconnaissants de notre village, enfants de notre école avec leurs parents, enseignants, membres de la vie associative, Julirosiens, élus, membres des corps constitués. Toute une communauté de vie rassemblée pour ce centenaire de l’armistice de la guerre de 14-18.

Cette guerre du début du XXème siècle, bête immonde qui a englouti chaque jour sur les différents fronts 1400 soldats en moyenne pour un orage d’acier de 160000 obus journaliers.

En dépit des textes des écrivains comme M. GENEVOIX, H. BARBUSSE, E. JUNGER qui ont décrit cette guerre avec un réalisme insoutenable, qui peut vraiment mesurer le calvaire quotidien qu’ont enduré nos poilus et les soldats allemands ?...

La peur qui taraude les organismes, le sentiment permanent de vivre un cauchemar, la mort omni-présente, le bruit infernal qui ne laisse aucun répit, les amis qui tombent à vos côtés, le froid, la soif, la faim qui harcèle, les poux qui dévorent, les tranchées humides et nauséabondes, le risque de sombrer dans la folie, la tentation de la mutilation pour fuir à tout prix cet enfer, les ordres imbéciles et criminels pour flatter l’égo de certains officiers ; les « fusiliers pour l’exemple » au petit matin blême : un non-sens à cette exécution. Bref, le sentiment d’une absurdité totale, élevée pourtant au rang de « raison d’état » et la confirmation que pour « parler de la guerre, il n’y a que les larmes »…

Au nom de cet effort de guerre, les habitants de nos colonies s’engageront en masse pour protéger la mère patrie, 150000 tirailleurs sénégalais par exemple…

Au nom de cet effort de guerre, toutes nos 36000 communes se videront de leurs jeunes générations, englouties par la mitraille. Pour Saint Julien de Valgalgues, 41 jeunes adultes de 18 à 39 ans perdront la vie sur les différents champs de bataille. Les 36000 communes de France ont toutes laissé des enfants de la République sur les terrains de bataille, des Ardennes, de la Somme, de Verdun ou d’ailleurs.

Mais la guerre est un suicide, non seulement des hommes, mais aussi des nations ; elle avale les peuples mais laisse à peu près indemnes ceux qui se disent assurer « l’intérêt supérieur de l’état ». Son honneur n’est dû qu’au patriotisme de tous ces français, femmes, hommes confondus qui ont contribué, par leur sacrifice extraordinaire, à maintenir la souveraineté et l’honneur de la France.

Depuis 100 ans, ce patriotisme a évolué. Il a fallu encore celle de 39-45 pour que la réconciliation avec l’Allemagne advienne. Mais à quel prix ? Ce long travail de médiation sur la voie de la paix s’est traduit par la construction de la communauté européenne dans laquelle l’Allemagne et la France ont pris une part prépondérante.

Mais 100 ans plus tard, l’histoire nous ressert des relents que l’on croyait enfouis à jamais : le désenchantement de l’Europe, la volonté de plus en plus manifeste de se replier sur les états-nations, le BREXIT, la montée des populismes et des nationalismes, l’incapacité de penser le monde d’une manière universelle, la menace islamiste, la recrudescence des actes antisémites, la crise économique et écologique… font qu’aujourd’hui en 2018, et peut-être plus que jamais, il est nécessaire de protéger nos démocraties et de rester vigilants sur l’évolution des choses.

Puisse le sacrifice de ces milliers d’hommes et de femmes desquels nous sommes et resterons en filiation directe, nous inciter à être courageux, vigilants, lucides et engagés pour la sauvegarde de nos valeurs.


Vive l’Europe,

Vive la République,

Vive la France"